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Leïla Slimani

Chanson douce

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  • Annaakorepanovaidézett3 évvel ezelőtt
    Louise, se dit la policière, ressemble à ces mères duplices qui, dans

    les contes, abandonnent leurs enfants aux ténèbres d’une forêt.
  • Annaakorepanovaidézett3 évvel ezelőtt
    Nostalgique, elle contemple jusqu’au dernier instant, immobile sous le lampadaire, une Louise lunaire, presque floue, qui attend quelque chose, au bord d’une frontière qu’elle s’apprête à traverser et derrière laquelle elle va disparaître.
  • Annaakorepanovaidézett3 évvel ezelőtt
    Elle chasse ces idées d’un grand mouvement de tête. Elle parvient à ne plus y penser mais une marée sombre et gluante l’a envahie tout entière.

    « Il faut que quelqu’un meure. Il faut que quelqu’un meure pour que nous soyons heureux. »

    Des refrains morbides bercent Louise quand elle marche. Des phrases, qu’elle n’a pas inventées et dont elle n’est pas certaine de comprendre le sens, habitent son esprit. Son cœur s’est endurci. Les années l’ont recouvert d’une écorce épaisse et froide et elle l’entend à peine battre. Plus rien ne parvient à l’émouvoir. Elle doit admettre qu’elle ne sait plus aimer. Elle a épuisé tout ce que son cœur contenait de tendresse, ses mains n’ont plus rien à frôler.

    « Je serai punie pour ça, s’entend-elle penser. Je serai punie de ne pas savoir aimer. »
  • Annaakorepanovaidézett3 évvel ezelőtt
    On se sent seul auprès des enfants. Ils se fichent des contours de notre monde. Ils en devinent la dureté, la noirceur mais n’en veulent rien savoir. Louise leur parle et ils détournent la tête. Elle leur tient les mains, se met à leur hauteur mais déjà ils regardent ailleurs, ils ont vu quelque chose. Ils ont trouvé un jeu qui les excuse de ne pas entendre. Ils ne font pas semblant de plaindre les malheureux.
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    elle devine, très nettement, les traits de sa mère sous le masque de l’enfance. Les gestes innocents de la petite fille portent, en bourgeon, une nervosité de femme, une rudesse de patronne.
  • Annaakorepanovaidézett3 évvel ezelőtt
    Elle se persuade que Paul et Myriam n’ont pas assez de temps pour eux. Que Mila et Adam sont un obstacle à son arrivée. C’est leur faute si le couple ne parvient pas à se retrouver. Leurs caprices les épuisent, le sommeil trop léger d’Adam coupe court à leurs étreintes. S’ils n’étaient pas sans cesse dans leurs pattes, à geindre, à réclamer de la tendresse, Paul et Myriam pourraient aller de l’avant et faire à Louise un enfant. Ce bébé, elle le désire avec une violence de fanatique, un aveuglement de possédée.
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    Puis avec les années, les enfants oublient et tandis que s’effacent le visage et la voix de la nounou à présent disparue, plus personne dans la maison ne se souvient de la façon de dire « maman » en lingala ou du nom de

    ces repas exotiques que la gentille nounou préparait. « Ce ragoût de viande, comment appelaitelle ça déjà ? »
  • Annaakorepanovaidézett3 évvel ezelőtt
    Les jours d’abattement succèdent à l’euphorie. Le monde paraît se rétrécir, se rétracter, peser sur son corps d’un poids écrasant. Paul et Myriam ferment sur elle des portes qu’elle voudrait défoncer. Elle n’a qu’une envie : faire monde avec eux, trouver sa place, s’y loger, creuser une niche, un terrier, un coin chaud. Elle se sent prête parfois à revendiquer sa portion de terre puis l’élan retombe, le chagrin la saisit et elle a honte même d’avoir cru à quelque chose.
  • Annaakorepanovaidézett3 évvel ezelőtt
    En septembre Adam aussi va entrer à l’école, la maison sera vide, Louise n’aura plus rien à faire. Il faudra bien qu’un autre enfant vienne pour meubler les longues journées d’hiver.
  • Annaakorepanovaidézett3 évvel ezelőtt
    elle fait avec plus de soin que d’habitude le lit de Paul et de Myriam. Elle passe sa main sur les draps. Elle cherche une trace de leurs étreintes, une trace de l’enfant dont elle est sûre à présent qu’il est à venir. Elle demande à Mila si elle voudrait d’un petit frère ou d’une petite sœur. « Un bébé dont on s’occuperait toutes les deux, qu’en penses-tu ? » Louise espère que Mila en parlera à sa mère, qu’elle lui soufflera l’idée qui fera ensuite son chemin en elle et qui s’imposera. Et un jour, la petite fille demande à Myriam, sous les yeux ravis de Louise, si elle porte un bébé dans son ventre. « Oh non, plutôt mourir », répond Myriam en riant.
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